dimanche 3 juin 2012

Des étoiles, des étoiles...



- Le spectacle que vous me proposez Monsieur est presque insupportable pour la rêveuse que je suis...

- Je vous regarde danser depuis deux heures Madame, danser dans votre solitude, comme une étoile sans soleil qui ne brillerait pour personne.

- Je vous ai vu. Immédiatement. Et je me suis trouvé de l'éclat sous votre regard.

- Vous en aviez avant moi.

- Jamais autant. C'est pour cela que j'ai accepté votre invitation à venir m'allonger sous ce ciel, près de vous. Sans vraiment savoir si un jour extraordinaire allait se lever sur cette nuit.

- Laissez-moi vous embrasser pour donner naissance à ce jour...

- Je ne crois plus trop aux étoiles vous savez. L'éclat que vous me donnez m'a fait vous suivre jusqu'ici, mais il vous faudrait un certain talent, en plus d'une indéniable magie, pour que je vous suive plus loin.

- Vous voyez tous ces points lumineux autour de vous ? Autour de nous ?  Comment pouvez-vous ne plus y croire ? Elles sont là les étoiles, pour nous.

- On croit souvent qu'elles sont là pour vous, elles sont là, à portée de main, de cœur, on vous les promet, et puis finalement, elles se refusent, on vous les vole.

- Aucun homme ne vous a jamais décroché une étoile ?

- Non.

- Ce n'est pas possible... Aucun homme sur cette planète n'a jamais été foutu de voir que tous les diamants du ciel étaient pour vous ? On ne vous a jamais promis la lune ???

- Ah si, la lune, et tous les diamants du monde ! Et on m'a raconté mille fois comment on s'y prendrait pour me faire briller, mais la promesse est toujours restée accrochée à l'étoile jamais touchée.

- Ne bougez pas. Je reviens.

- Où allez-vous ?

- Ne bougez pas s'il vous plaît.

- Je ne connais même pas votre nom !

Raoul se lève, s'agenouille près de Simone, remet délicatement une de ses mèches brunes tombée sur sa joue et part en lui glissant, les yeux dans les yeux :

- Je m'appelle Raoul.

- Simone.

Après de longues minutes qui paraissaient des heures, Simone s'était presque endormie, ses yeux regardaient toujours les étoiles mais avec une telle distance, un tel flou, qu'elle était probablement en train de les rêver.

- Simone ?

Les pupilles de Simone se dilatèrent à nouveau pour revenir dans cette réalité qui fait mal, cette dimension où les promesses peuvent ne pas être tenues, être bafouées, abandonnées, vendues au diable. Pourtant, elle sentait cette chaleur, cette incroyable flamme qui déjà faisait danser son rêve à l'instant. Non, c'est impossible, cette flamme ne vous enveloppe qu'à l'heure où vous fermez les yeux pour avoir la foi, pour croire encore, toujours, malgré ce que les yeux voient. Même si les yeux d'une femme - ou d'un homme - voient tous les indices possibles tendant à faire croire que les étoiles n'existent pas, dès qu'ils se ferment, son cœur lui donne toutes les preuves possibles qu'elles sont là, quelque part, rarement atteintes, mais c'est ce qui fait leur extraordinaire. Ce qu'elle voyait au moment où elle entendait son prénom, elle le voyait parfaitement, sans aucun doute possible. Pour la première fois de sa vie, elle voyait la même chose que son âme profonde, dans un accord absolument délicieux. Être en accord avec soi-même... ce devait être ça, exactement ça. Quand les yeux, le cœur et l'âme voient la même chose.





- Elle est pour vous Simone. Et je vous promets de pouvoir vous ramener toutes les autres si vous ne cessez jamais de m'offrir votre éclat.

- Je suis à vous Raoul...



Franck Pelé - juin 2012 - textes déposés

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