jeudi 24 novembre 2011

Un goût de Paradis


- Pourquoi tu me regardes comme ça Raoul ?

- Parce que je t'aime comme au premier jour... Tes jambes mon amour... Tes jambes...

- Qu'est-ce qu'elles ont mes jambes ?

- Je les regarde et je me dis que j'ai épousé les plus belles jambes du monde... Les jambes d'une femme semblent donner l'élan de leur beauté. Plus elles sont belles, plus l'ascension sera inoubliable. Tu as les mêmes jambes qu'à dix-sept ans...

- Tu te souviens de nos dix-sept ans ?

- C'était hier ! C'est fou parce que le temps passe, mais les instants suspendus restent éternels, ils ne vieillissent pas. C'est probablement la raison pour laquelle, un matin, on n'arrive pas à croire à la différence entre l'image qu'un miroir nous propose et aux éternités qui dansent dans notre mémoire.

- C'est vrai... Mais on a encore le temps, t'es gonflé ! Tu veux me saper le moral avec ta mélancolie là ? Laisse-toi plutôt porter par l'élan de mes jambes tiens...

- Je me souviens très précisément de notre premier regard... Quand on est adolescent, on amplifie tout, un regard posé sur vous c'est comme une décharge d'adrénaline, une énorme boule d'énergie qui vous bouleverse le rythme cardiaque, la première fois que tu m'as regardé, c'était comme si je comprenais le sens de la vie...

- C'était exactement pareil pour moi. Ton regard, c'était une invitation à entrer au Paradis.

- Puis on quitte l'adolescence, on fait des choix, ou on les subit. Il y aura ceux qui ne trouveront finalement jamais le Paradis, et ceux qui ne l'auront jamais quitté.

- Je lui trouve comme un goût de pomme à notre Paradis subitement...

- Y'en a...

- On en croque un bout ?


Franck Pelé - novembre 2011

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