vendredi 9 septembre 2011

Simone sort du peloton




- Allez chérie, dépêche-toi, on va être en retard à force !

- Je suis prête.

- Comment ça tu es prête ? Tu comptes venir comme ça chez Édouard ?

- Tu passes ton temps à plonger dans le décolleté de sa femme à chaque fois qu'on va dîner chez eux, alors je me disais que je pourrais occuper Édouard pendant que tu détailles les massifs de Marie-Charlotte... à moins que je n'arrive à détourner ton attention sur mon étape de montagne à moi ! Remarque, vu la conversation de la dame, elle a raison de tout miser sur les seuls hémisphères qui peuvent lui faire découvrir le monde...

- Qu'est-ce que tu racontes Simone ? J'adore toujours autant perdre mon souffle dans tes montagnes, et puis Marie-Charlotte n'a pas la science infuse, certes, mais elle a beaucoup de conversation, tu te trompes !

- Ah ça, t'as raison, elle n'a pas la science infuse, elle l'aurait même plutôt confuse ! Je cherche toujours la Walkyrie de Chopin moi, tu l'aurais pas enregistrée par hasard ? Je suis curieuse du grand art. Et ses vacances à Clermont-Ferrand, dans le Poitou, il faudrait qu'elle nous donne l'adresse parce que ça a l'air vraiment sympa ! Et puis son héros préféré, Jess Bonde, son amour de l'athlétisme et du "sprimte", ses meilleures copines qu'elle rencontre "au coiffeur", ah Marie-Charlotte, t'as raison Raoul, c'est pas de la gnognotte...

- Simone, c'est de la jalousie gratuite, je ne regarde jamais son décolleté, enfin pas plus longtemps que n'importe quel homme qui ferait honneur à l'élégance d'une femme et au temps qu'elle a mis pour se préparer et vous recevoir.

- Tu lui fais tellement honneur que quand elle te parle, il faut qu'elle te répète la question pour que tu sortes tes yeux de ton fantasme ! Et elle, cette cruche sans eau, qui tire ostensiblement sur le mouchoir qui lui sert de chemisier pour être sûre que tu comprennes bien la question ! Alors ce soir, Édouard, c'est son soir.

- Simone, je... Bon, je te promets que je ne regarderai plus son décolleté... Enfin, que je ne le regarderai pas.

- T'as dit "plus"...

- Tu n'as qu'à te mettre en face de moi, ou alors je l'appelle pour qu'elle mette un col roulé ?

- Parce que tu pourrais l'appeler pour lui dire quoi mettre ? Tu veux dire qu'elle t'écouterait ?

- Mais non, je... c'était une idée pour te rassurer... Pour que tu saches que la seule étape de montagne qui mérite mon talent de grimpeur c'est toi ma moumoune...

- Pour me rassurer ? Tu pédales dans la semoule Raoul ! Ce soir, j'y vais comme ça, toi, tu te mets en face de Marie-Gnognotte, et si jamais je te vois zyeuter son Alpe d'Huez ou si tu fais une réflexion parce que ton ami ferait un peu trop honneur à mon élégance, t'as intérêt à t'entraîner dur pour la saison prochaine parce que d'ici là, tu pourras toujours courir pour voir ma ligne d'arrivée !

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