mardi 9 novembre 2010

La valse à mille temps


- Regarde cet homme Simone, et cette femme qu'il vient de croiser. Leurs âmes ont compris qu'elles étaient faites l'une pour l'autre, et elles dessinent sur les lignes d'une partition imaginaire, les notes d'une symphonie qu'ils n'entendront jamais, endormis par la fatigue de ne plus y croire. Ils sont souverains dans leur solitude, et pourtant, il mourra peut-être, comme Brel le chantait, d'avoir été ce roi mort de n'avoir pas pu la rencontrer...

- Ne me quitte pas Raoul, jamais...

- Aucune chance ma chérie, nos coeurs se sont projetés sur nos ombres dès qu'elles ont entamé cette même valse. Une valse à mille temps. Même au plus profond de la nuit, j'aurais vu ton ombre. Et aujourd'hui, je ne veux toujours qu'une seule chose, que tu me laisses l'inégalable plaisir d'être l'ombre de ton ombre, l'ombre de ta main, l'ombre de ton chien...

- De quoi tu parles Raoul ? Je n'ai pas de chien !

- Je citais Brel...

- Oui, bah tu t'arrêtes là niveau citation, parce que si tu me fais le coup du volcan qu'on croyait trop vieux pour voir rejaillir son feu, je vais aller voir les marins qui boivent aux dames, celles qui leur donnent leur joli corps et leur vertu !

- Ne me quitte pas Simone...

- Je citais Brel ! Mais non mon chou, évidemment que je ne te quitterai pas... Et puis tu as raison finalement, on me dit souvent que j'ai du chien, alors si tu veux être l'ombre de cette brûlante qualité, ça nous fera un peu d'air frais, et si j'ai trop chaud, je viendrai te rejoindre...

- Je ferai un domaine où l'amour sera roi, et où tu seras reine...

- Faudrait déjà qu'on ait fini de payer la maison ! Allez arrête de rêver chéri, et va plutôt prévenir Madame que le coeur de Monsieur l'invite à valser !

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